Lorsque j’ai écrit L’alcool expliqué, il s’agissait principalement d’informations, comme une façon de remettre les pendules à l’heure avant tout. Comme Hercule Poirot qui voit un ornement pas à sa place et ne résiste pas à l’envie de le repositionner. Il ne m’est vraiment venu à l’esprit que quelque temps après sa publication, qu’un livre exposant d’une manière aussi impassible et pragmatique ce que l’alcool fait (et surtout ce qu’il ne fait pas) précisément, serait d’une telle aide pour beaucoup de gens.

Le fait est que l’alcool est très difficile à arrêter à cause de toutes les vertus que nous lui attribuons; ça a bon goût, ça nous fait du bien, ça nous aide à faire face au stress, ça nous aide à dormir, à sortir, à profiter de la vie, même à accepter notre propre mortalité et à nous lier à notre passé. Nous l’utilisons pour nous aider à traverser les bons et les mauvais moments ; Et nous le faisons pendant de nombreuses années. Nous y marquons les anniversaires, les fêtes, les baptêmes, les mariages et les enterrements. Nous l’utilisons pour créer des liens avec les autres, pour marquer les étapes de notre vie, pour faire face au stress quotidien jusqu’à la mort de nos proches et même pour contempler notre propre mort. Il devient une partie intégrante de nos vies.

Essentiellement, ce sont nos croyances à son sujet qui sont les principaux obstacles pour s’en libérer. Ces croyances diffèrent d’une personne à une l’autre. Imaginons une personne qui boit trois bouteilles de spiritueux par jour ; à l’instant où elle reprend ses esprits, elle pense qu’elle ne peut littéralement pas fonctionner sans, et que, aussi misérable que soit sa vie avec l’alcool, sa vie est encore plus affreusement insupportable sans. À l’autre extrémité de l’éventail, une personne qui boit un ou deux verres de vin une à deux fois par semaine pense que les occasions où elle boit ne sont pas tout à fait les mêmes sans ; qu’elles ne sont pas si douces, que ce n’est pas pareil. Cela se résume à une croyance générale selon laquelle nous avons besoin d’alcool pour faire face et profiter de la vie.

Les raisons pour lesquelles une analyse pratique sans émotion sur l’alcool est si puissante pour aider quelqu’un à arrêter de boire, c’est qu’elle peut totalement dissiper ces croyances. En tant que société, nous avons fabriqué l’alcool pour qu’il soit bien plus qu’il n’est. Nous l’avons mis sur un piédestal, et nous lui attribuons bien plus qu’il ne le mérite. Les gens croient sincèrement que l’alcool les rend euphoriques, qu’il fait partie intégrante du développement humain et de la culture (c’est pourquoi, disent-ils, est-il si répandu). Mais le fait est que c’est un sédatif, qui vous fait juste vous sentir plus détaché. La façon dont notre cerveau réagit, les situations pendant lesquelles nous buvons et les facteurs physiologiques et psychologiques qui entrent en jeu créent l’illusion que l’alcool nous donne un coup de fouet alors qu’il n’en est rien. La raison pour laquelle il est si répandu n’est pas à cause de ses effets merveilleux ou des bienfaits supposés pour la santé ou encore parce qu’il facilite les interactions humaines, mais simplement à cause de son accessibilité; l’alcool était l’une des drogues les plus faciles à fabriquer pour nos ancêtres. Les laboratoires n’existaient pas et ils n’avaient pas encore accès aux différents produits chimiques nécessaires à la fabrication de la méthamphétamine, de la cocaïne ou encore de l’héroïne.

Ils avaient seulement accès à des fruits et des légumes pourris. L’alcool expliqué est un livre qui porte principalement sur l’éclaircissement et la dissipation des mythes. Ainsi, nous pourrons voir l’alcool pour ce qu’il est vraiment, lorsqu’il est dépouillé de tout battage médiatique et de l’absurdité.

Depuis que j’ai écrit Alcohol Explained, un certain nombre de personnes m’ont approché pour me dire qu’elles avaient lu le livre, qu’elles comprenaient et étaient d’accord avec tout ce qu’il contenait, mais qu’ elles ne pouvaient toujours pas arrêter. Le fait est qu’il est possible de lire quelque chose (et d’être d’accord avec) à un niveau académique, mais ne pas parvenir à l’assimiler et à l’appliquer à nos propres expériences. Ce cahier d’exercices est conçu pour surmonter les obstacles et pour faire de la lecture de ce livre une expérience plus interactive. Il y a une citation, généralement attribuée à Benjamin Franklin qui dit :

‘Tu me dis, j’oublie. Tu m’enseignes, je me souviens. Tu m’impliques, j’apprends”

Ce cahier d’exercices est conçu pour vous impliquer dans un voyage, un processus si vous préférez, où nous allons sortir de toutes ces croyances sur l’alcool, les éclairer ou les raisonner. Toutes vos expériences et croyances ont été accumulées au fil des années et sont stockées dans votre esprit, comme dans un grenier rempli de détritus. Nous allons donc commencer par faire le tri dans ce grenier ; tout sortir, examiner, évaluer, ne pas tenir compte de tout ce qui est cassé, inutile ou incorrect, ne garder que ce qui est vraiment nécessaire, de sorte qu’à la fin, vos croyances sur l’alcool aient subi une refonte totale et soient très différentes de ce qu’elles aient pu être.

Si vous avez des questions, vous pouvez les poser dans le groupe Facebook L’alcool expliqué (en français) ou bien Alcohol Explained (en anglais), vous pouvez aussi me les envoyer directement par e-mail à l’adresse help@alcoolexplique.com (pour la langue française) ou hello@alcoholexplained.com (pour la langue anglaise). Peut-être qu’un jour je recevrai tellement d’e-mails que je ne pourrai répondre à tous, mais au moment d’écrire ces lignes, ce jour n’est pas encore arrivé.

William Porter

5 fevrier 2021