Je me suis dit qu’il serait utile de vous donner un calendrier avec différentes étapes, pour que vous sachiez à quoi vous attendre lorsque vous arrêterez de boire, et surtout lorsque vous recommencerez à vous sentir humain.
Il y a quatre grands processus physiologiques à traverser avant de ressentir enfin, un matin, l’impression de sortir d’un cocon et d’entrer dans un monde plus lumineux : en un mot, meilleur. En réalité, cette sensation est tout simplement celle que l’on a lorsque l’on cesse de s’empoisonner, et que l’on permet au cerveau de revenir à l’équilibre. Passons en revue ces quatre processus.
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L’alcool.
Le premier processus, le plus évident, est l’évacuation de l’alcool par votre système. En moyenne, il faut une heure à votre foie pour traiter une unité d’alcool (une unité, c’est 25 ml de spiritueux, 75 ml de vin, ou 250 ml de bière). Imaginons que vous ayez bu 3 bouteilles de spiritueux : il faudrait alors trois jours et demi, environ, avant que votre foie ait évacué l’alcool. La plupart des gens ne boivent probablement pas à ce point, mais la plupart des gens, en particulier quand ils ne sont pas chez eux, n’ont pas la moindre idée de la quantité réelle d’alcool qu’ils ingèrent. Voici une bonne règle de base : notre système a besoin en moyenne de 24 heures pour se débarrasser de tout l’alcool qu’il contient.
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Les stimulants en excès.
Le cerveau possède sa propre réserve de protéines, d’hormones et de substances chimiques qu’il sécrète exactement au bon moment et dans les bonnes quantités pour nous maintenir en bonne santé mentale et physique, et rendre notre organisme résistant. L’alcool est un dépresseur (j’utilise le terme dépresseur dans son sens chimique, c’est-à-dire une substance qui inhibe ou « déprime » l’activité nerveuse). C’est pourquoi, lorsque nous consommons de l’alcool, à court terme nous nous sentons plus détendus qu’avant d’en consommer.
Le problème, c’est que le cerveau cherche à contrer les effets dépressifs de l’alcool en libérant ses propres stimulants naturels (comme le cortisol), et qu’une fois l’alcool évacué, ces stimulants en excès ne s’en vont pas tout de suite. C’est à ce moment qu’après avoir bu, nous nous sentons anxieux, perturbés, mal à l’aise, voire déprimés. Ces sensations sont simplement provoquées par l’excès de stimulants dans notre système, qui déstabilise notre cerveau ; en introduisant de l’alcool dans notre système, nous bouleversons le délicat équilibre chimique de notre cerveau et de notre corps.
Vous trouverez davantage de détails sur ce processus et ses effets dans le chapitre 2 de Alcohol Explained (l’alcool expliqué), ici.
L’un des éléments essentiels de ce processus est qu’avec le temps, notre cerveau crée et sécrète de plus en plus de ces substances stimulantes pour compenser les quantités toujours croissantes d’alcool que nous buvons. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous sommes capables de boire de plus en plus au fil des années. Le temps nécessaire pour évacuer ces stimulants dépend à la fois de la personne (les gros buveurs et ceux qui ont commencé il y a longtemps ont un niveau de stimulants plus élevé que les moins gros buveurs) et de la quantité ingérée la dernière fois que l’on a bu. Il n’est donc pas possible de déterminer très strictement une durée d’évacuation ; mais la majorité des personnes franchissent cette étape dans les 24 heures, et autour de 72 heures dans le pire des cas (autrement dit, de 1 à 3 jours).
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L’équilibrage final.
Chez les personnes qui boivent par intermittence et excessivement, les 2 étapes décrites précédemment suffisent. En revanche, les personnes qui boivent régulièrement (c’est-à-dire tous les jours ou presque tous les jours) ont une troisième étape à franchir. Comme vous l’avez lu ci-dessus, si on boit tous les jours, on fait simplement le yo-yo entre la phase « stimulants en excès » et la phase de consommation d’alcool. On ne se débarrasse jamais réellement des stimulants (on boit, par conséquent le cerveau sécrète davantage de stimulants, alors même que le système n’a pas encore éliminé la quantité précédente d’alcool ingérée). Après 2 à 6 jours de non-consommation, les stimulants reviennent finalement à l’équilibre et ne sont pas remplacés. Puisque l’individu s’est habitué à avoir ces niveaux excessifs de stimulants dans son système pratiquement tout le temps, et puisque ces stimulants en excès ont maintenant disparu, il se sent alors très fatigué et léthargique. Il se passe à peu près la même chose que si l’on buvait 8 ou 9 tasses de café fort chaque jour, puis qu’on arrêtait soudainement. Le cerveau met jusqu’à 3 semaines pour s’y acclimater.
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Le sommeil.
Que vous traversiez les deux premières phases uniquement ou les trois, il y a une dernière étape à franchir avant de vous sentir à nouveau optimiste et confiant : passer une bonne nuit de sommeil. L’alcool a un effet extrêmement néfaste sur notre sommeil. Vous trouverez de plus amples détails sur ce sujet ici.
La question était : au bout de combien de temps se sent-on mieux quand on a arrêté l’alcool ? Pour résumer ma réponse : avant de commencer à réellement ressentir les avantages de l’arrêt de l’alcool, plusieurs semaines sont parfois nécessaires. Mais l’étape ultime est de récupérer le sommeil dont vous avez besoin. Les meilleurs conseils que je peux donner pour aborder cette période sont de manger ce que l’on aime, de s’hydrater le plus possible, de faire de l’exercice si l’on peut, et de dormir autant que nécessaire.